I Vitelloni (1953) - Federico Fellini
Lion d'Argent Venise 1953
Documents d'étude pour la spécialité Jean Vigo Millau. Joëlle Compère
Questionnements

Périodes et courants
« Je n’ai jamais eu la préoccupation de fuir le néoréalisme auquel je ne me suis jamais identifié même si j’ai travaillé aux côtés de Rossellini. Cela a été une grande expérience de vie, comme tant d’autres choses, mais je ne l’ai jamais ressentie comme relevant d’une esthétique. » Federico Fellini.

Un cinéaste au travail
"Je ne sais pas regarder les choses avec détachement, à travers la caméra par exemple. Je ne mets jamais l'oeil à la caméra. Je me fous de l'objectif. Je dois être au milieu des choses. J'ai besoin de tout connaitre de tout le monde, de faire l'amour avec tout ce qui est autour de moi". Federico Fellini
C'était quoi Federico Fellini ? - Blow Up - ARTE
Filmographie en images 12'

Longs-métrages

1950 : Les Feux du music-hall (Luci del varietà), coréalisation avec Alberto Lattuada
1952 : Le Cheik blanc ou Courrier du cœur (Lo sceicco bianco)
1953 : Les Vitelloni ou Les Inutiles (I vitelloni)
1954 : La strada
1955 : Il bidone
1957 : Les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria)
1960 : La dolce vita (parfois intitulé La Douceur de vivre)
1963 : Huit et demi (Otto e mezzo)
1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti)
1969 : Bloc-notes d'un cinéaste (Block-notes di un regista), documentaire TV
1969 : Satyricon (Fellini Satyricon)
1970 : Les Clowns (I clowns)
1972 : Fellini Roma (Roma)
1973 : Amarcord
1976 : Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Federico Fellini)
1979 : Répétition d'orchestre (Prova d'orchestra)
1980 : La Cité des femmes (La città delle donne)
1983 : Et vogue le navire… (E la nave va…)
1986 : Ginger et Fred (Ginger e Fred)
1987 : Intervista
1990 : La voce della luna (parfois intitulé La Voix de la lune)

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1.
Les premiers pas
  • Federico Fellini est né le 20 janvier 1920 à Rimini, station balnéaire de la côte Adriatique, en Italie.
  • Fils aîné d’un représentant de commerce et d’une femme au foyer, il grandit avec un frère et une sœur cadets dans un univers petit-bourgeois durant les années mornes du fascisme,
  • qu’il occupe en dévorant les fumetti (bandes dessinées populaires) des périodiques pour enfants et en pratiquant le dessin.
  • Adolescent, il exerce ses talents de caricaturiste sur les plages et dans les cafés, brosse des portraits d’acteurs célèbres pour le cinéma de sa ville, où il règne sur une petite bande de gamins farceurs. Cette période flottante d’oisiveté, de velléités, d’indolence et de laisser-aller est celle qu’retrouvera retranscrite presque trait pour trait dans Les Vitelloni, d’inspiration très largement autobiographique.
Dessinateur
  • À 17 ans, le jeune Fellini quitte ses terres d’enfance pour Florence, puis s’installe à Rome en 1939 avec sa mère et sa sœur.
  • Après avoir tenu la rubrique des chiens écrasés au journal Il Popolo di Roma, il entre au Marc’Aurelio, un bihebdomadaire humoristique axé sur la satire politique, où passent nombre de futurs scénaristes et réalisateurs comme
    • Furio Scarpelli, Steno, Ruggero Maccari ou Ettore Scola.
  • Le milieu du journalisme est alors contigu à celui du cinéma et le jeune Fellini est amené, avec d’autres, à écrire des gags pour les films du comique Macario ainsi que des émissions radiophoniques,
  • dans le cadre desquelles il rencontre sa future femme, la jeune actrice Giulietta Masina.
  • En 1944, dans le sillage de la libération de Rome, il monte avec une poignée de collègues une boutique de caricatures, « The Funny Face Shop » (« la boutique aux drôles de visages »), à destination des GI américains.
  • Ce sont des années de formation déterminantes dans l’élaboration du trait véloce avec lequel il croquera ses futurs personnages de cinéma, et dépeindra notamment avec une verve inouïe toute la petite société provinciale des Vitelloni.
Cinéma
  • C’est Roberto Rossellini, instigateur du cinéma moderne italien, rencontré aux bureaux de la société de production ACI où Fellini contribuait à dénicher des sujets, qui lui me le pied à l’étrier en 1944 en l’invitant à participer à l’écriture de Rome, ville ouverte, sommet du néoréalisme tourné dans les ruines encore fumantes de la libération de Rome.
  • Le jeune homme entame une collaboration au long cours avec Rossellini (il est notamment son assistant sur Païsa en 1946)
  • et se lance dans une carrière de scénariste, incorporant les équipes de réalisateurs comme Alberto Lattuada et Pietro Germi.
  • Avec Lattuada, il cosigne Les Feux du music-hall (1950) et passe définitivement derrière la caméra.
    • Le film se déroule au sein d’une de ces troupes itinérantes qui arpentent les provinces italiennes pour y jouer des spectacles de variétés, dont l’évocation sera prolongée dans tout un passage des Vitelloni
2.Le néoréalisme
Personnages "néoréalistes"
Dès ses débuts de réalisateur, Fellini est assimilé au mouvement néoréaliste dont le magistère politique et esthétique fait encore autorité sur la production italienne, à commencer par le choix de personnages modestes ou issus de la marginalité :
  • la midinette férue de romans-photos et l’acteur de bas étage du Cheik blanc (1952) ;
  • le saltimbanque de La strada (1954) et la pauvre béotienne qu’il domine ;
  • les escrocs minables d’Il bidone (1955) qui opèrent sous la fausse défroque de prêtres.
Le spectacle et l’imaginaire
Mais à chaque fois s’invite le monde du spectacle, avec ses tours et ses artifices, ses numéros et ses danses, qui ouvre une brèche vers l’imaginaire. remonte tout droit à l’enfance du cinéaste, plus d’une fois revenu sur sa fascination d’alors :
  • pour le cirque
  • et les troupes d’avanspettacolo (le music-hall itinérant à l’italienne).
  • L’ancrage social de ces premiers films se double d’une part d’enchantement s’abreuvant aux souvenirs et impressions intimes du cinéaste.
Les tournants
Ainsi Fellini contribue-t-il à infléchir les principes du néoréalisme, qui, au cours des années 1950, s’assouplit et évolue vers une acception allégée qu’on qualifiera de « néoréalisme rose » :

La dolce vita (1960) marque dans l’œuvre de Fellini comme une rupture par amplification.
  • les proportions d’une véritable fresque où,
  • sur près de trois heures, le cinéaste livre, à travers son héros journaliste joué par Marcello Mastroianni,
  • un portrait de la bonne société romaine frivole aux balbutiements de l’ère médiatique.
  • Le récit n’est plus brossé dans la continuité, mais constitué d’épisodes qui tendent à devenir des blocs indépendants.
La tendance s’accentue avec Huit et demi (1963),
  • autre œuvre charnière
  • encore plus loin l’identification avec le personnage de Mastroianni, campant cette fois un réalisateur en crise d’inspiration.
  • La caméra virevoltante de Fellini sonde son intériorité troublée, comme si elle cherchait à cerner l’endroit bouillonnant de l’inconscient où naissent les visions et se forment les images.
3/
Au fil des années 1960, la mue résolument introspective d’une œuvre qui lâche la bride à la subjectivité de l’auteur.
  • Sa vision s’apparente elle-même au cirque de l’inconscient où le désordre fondamental génère toutes sortes de visions grandioses et inquiétantes. Cette forme culmine avec Fellini Roma (1972), autre portrait de la ville éternelle en une truculente orgie de contrastes,sans autre protagoniste que la caméra comme relais de la conscience de l’auteur.
  • Juliette des esprits (1965) marque l’irruption dans l’univers fellinien de la couleur, qui ajoute à son style baroque un appétit coloriste à toute épreuve :
    • teintes violacées,
    • visages fardés
    • et miroitements capiteux
sont autant de motifs qui hantent son cinéma moins jouisseur que moraliste, préoccupé plus que fasciné par les thèmes de la corruption et de la déliquescence.

Adaptation de textes classiques
  • le Satyricon (1969) d’après Pétrone
  • ou Le Casanova de Fellini (1976) d’après les mémoires du célèbre aventurier vénitien.
  • La parade est le grand motif de ce cinéma qui voit défiler
    • les corps extravagants,
    • les faciès monstrueux,
    • ombres et fantômes,
    • vivants et morts,
    • morts de rire et d’effroi,
    • au sommet desquels trône la figure de la Femme, mythifiée sous des contours sculpturaux.

La télévision et la consommation
Une étape est franchie quand Fellini tourne pour la télévision.
  • Avec Bloc-notes d’un cinéaste (1969), il expérimente la liberté d’approche et la souplesse de prise de vues qu’offre le documentaire.
  • Les Clowns (1970) mène l’enquête sur une tradition en voie d’extinction entre fiction et documentaire, un alliage rêvé pour Fellini qui s’est souvent dépeint lui-même en affabulateur.
  • Nombre de ses films reproduiront cette forme de reportage fantasmé,
    • comme Répétition d’orchestre (1978)
    • ou encore Intervista (1987), propices à toutes sortes detélescopages.
Trente ans après ses débuts, l’œuvre fellinienne est devenue contemporaine de la télévision berlusconienne, vaste foire aux vanités qui dénature la vocation du spectacle à l’ancienne, sous les auspices duquel elle avait commencé.
Avec Ginger et Fred (1986), Fellini dresse le bilan mélancolique de cette période : deux vieux danseurs de claquettes accomplissent un dernier tour de piste dans l’indifférence d’une émission de variétés, comme au cœur d’un grand barnum qui aurait dévoré toute la vie.

L’artiste s’éteint en octobre 1993 à l’âge de 73 ans, non sans avoir prophétisé dans plusieurs de ses derniers films, comme les crépusculaires Et vogue le navire… (1983) et La voce della luna (1990), que le cinéma ne lui survivrait pas
Aux arts et cætera Fellini, confidences retrouvées
Pour approfondir
"La Strada", "Les Nuits de Cabiria", "La Dolce Vita" ou encore "Satyricon", toutes les oeuvres de Federico Fellini ont été accompagnées d'un parfum de scandale à leur sortie. Grâce à un entretien, réalisé en 1981, perdu puis retrouvé, c'est le réalisateur lui-même qui revient sur son parcours. Ses confidences sur son rapport au réel, aux rêves, aux névroses, à la folie, aux femmes, à ses acteurs fétiches Marcello Mastroianni et Giulietta Masina, sa muse et le grand amour de sa vie, révèlent un visionnaire d'une étonnante modernité et complexité.
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La Strada - Bande annonce 2018 (Version restaurée) HD VOST
De cette première époque :
Le Cheik Blanc avec Sordi, Guiletta et Leopoldo Trieste
Il Bidone avec Sordi, Guiletta et Fabrizzi

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La Dolce Vita (1959) - Version restaurée - Bande-annonce
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SATYRICON, un film de Federico Fellini, Bande-annonce Vostf
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Veine documentaire

Le bloc d'un cinéaste
Les clowns
Répétition d'orchestre

L'Italie berlusconienne

La Cité des femmes
Ginger et Fred
E la nave va