Aux États-Unis, émerge, dès les années 1950, la Beat Generation, qui désigne un groupe de poètes et d’artistes dont les aspirations sont en
rupture avec les valeurs morales et idéologiques de leur temps. Ses figures de proue sont
Allen Ginsberg,
Neal Cassady,
William S. Burroughs et
Jack Kerouac, célèbre pour son ouvrage
Sur la route, dont le manuscrit est tapé sur un rouleau continu de machine à écrire, devenant métaphoriquement la route que prennent ces personnages faisant le choix de la marginalité et s’opposant à l’idéologie du travail et de
la famille. Au cinéma, James Dean dans
Rebel Without a Cause [
La Fureur de vivre] (1955) est devenu l’archétype de cette génération pour le grand
public : un jeune homme de la classe moyenne supérieure, beau et séduisant, qui, en dépit de toutes ses qualités et d’un avenir prometteur, s’ennuie. Le cinéma des années 1950 est marqué par des figures nouvelles de jeunes hommes (il leur manque souvent, hélas, leur pendant féminin) caractérisées par leur révolte et leur absence d’engagement.
Le personnage de Johnny Strabler (Marlon Brando) dans
The Wild One [
L’Équipée sauvage]
incarne, en 1953, la même rébellion sans objet : lorsqu’on lui demande à quoi il s’oppose, contre quoi il se révolte, il se contente de répondre «
what have you got? », stance d’opposition systématique et nihiliste, réplique cool par excellence pour toute une génération.