Le premier stéréotype de genre apparaît dès le générique d’ouverture, à travers une publicité pour la société laitière Penn Maid que l’on peut traduire par « la Servante de Pennsylvanie ».
Son logo représente une vache avec de longs cils et du rouge à lèvres. Son corps, formé d’un bidon de lait à l’horizontale, porte l’inscription « Penn Maid Dairy Products », les « produits journaliers de la Servante de Pennsylvanie ». Le caractère anthropomorphique de la publicité semble désigner aussi bien l’animal qui donne son lait que la ménagère qui achète ces produits.

Bien que Northeast High School soit un établissement mixte, certains cours se distinguent
par leur séparation entre garçons et filles. C’est le cas en matière d’éducation sexuelle. L’établissement fait appel à une gynécologue pour s’adresser aux filles et à un gynécologue pour s’entretenir avec les garçons.
Là où la première se tient derrière un pupitre, de manière solennelle, le second apparaît en bas de l’estrade, micro à la main, n’hésitant pas à plaisanter. Différents dans leur forme, les discours des deux intervenants sont semblables sur le fond. L’un et l’autre mettent en garde contre la multiplication des partenaires avant le mariage. L’idéal présenté est celui du couple marié et de la famille. Un documentaire scientifique insiste sur les risques de maladies vénériennes transmises à l’enfant in utero. La responsabilité des garçons est souvent soulignée. Leurs
désirs sont présentés comme naturellement plus affirmés que ceux des jeunes filles. Cette responsabilité semble toutefois en contradiction avec les plaisanteries du gynécologue.

On remarque que les propos les plus sévères envers les jeunes filles sont tenus par des enseignantes. Un cours de maintien en vue d’un défilé devient une séance d’humiliation quant à la forme des jambes ou des bras des jeunes filles, qui sont désignées par des numéros. L’enseignante d’éducation physique, qui reproche à une lycéenne de vouloir porter une minijupe pour le bal de fin d’année, reconnaît ne pas pouvoir monter facilement en voiture ni marcher sans entrave en robe de gala, mais accepte ces contraintes. Cette même enseignante, encourageant ses élèves lors d’un exercice aux anneaux, les compare à Tarzan, renvoyant à un héros masculin et non féminin. Dans les cours d’éducation physique, des tenues différentes sont imposées aux garçons et aux filles, qui évoluent dans des groupes séparés.

Les jeunes filles portent une combinaison noire, avec une ceinture que toutes ne referment pas, des chaussettes blanches et des chaussures noires. Quant aux garçons, ils sont vêtus d’un tee-shirt et d’un short blancs, avec des chaussettes et des baskets assorties. La danse sur la chanson Simon Says, du groupe 1910 Fruitgum Company, est le premier exercice dans lequel nous voyons s’entraîner les jeunes filles, qui reproduisent les ordres énoncés par les paroles de la chanson, version anglaise du jeu « Jacques a dit ». C’est à un exercice plus surprenant auquel se livrent les garçons, quand ils se disputent un ballon de baudruche à la forme ronde comme la lune. Sans règlement apparent, dans une joyeuse mêlée, ils courent derrière l’objet, essayant de se l’accaparer. Doit-on y voir une métaphore de la conquête spatiale ?