Atelier d'écriture Base Arts
Rue Lauret - Millau
Documents des ateliers

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Pourquoi j'écris ?

« Pourquoi est-ce que j'écris ? Parce-que j'écris ! Autant demander à un escargot pourquoi il fait de la bave. C'est dans sa nature de laisser un sillage argenté derrière lui, voilà tout ». Frédéric Dard

« Quand je vis, la vie me manque. Je la vois passer à ma fenêtre, elle tourne vers moi sa tête mais je n'entends pas ce qu'elle dit, elle passe trop vite. J'écris pour l'entendre . »

La Grande vie, Christian Bobin



« [J'écris] Pour jouer aussi, parfois pour le plaisir de l'imaginaire, pour jouir de la liberté ludique d'éluder la vie quotidienne. Mais le jeu lui-même n'est-il pas, dans son apparente gratuité, une façon ambiguë de s'affronter au réel, un apprentissage ? »

Permis de séjour 1977-1982, Claude Roy



« La littérature fait coexister pacifiquement ce qui a lieu. Vous pouvez seulement traduire, plutôt transporter chaque petit caillou, chaque étincelle, chaque sentiment dans un espace blanc et épais. Un grand déménagement où chaque chose est rangée dans un écrin sur mesure. » Histoire de la littérature récente. Olivier Cadiot


« Vous passez par de moments de découragement quand vous rédigez les premières pages du roman. Vous avez chaque jour l’impression de faire fausse route. Et alors la tentation est grande de revenir en arrière et de vous engager dans un autre chemin. Il ne faut pas succomber à cette tentation, mais suivre la même route. »

Patrick Modiano, remise du Prix Nobel

« Pourquoi écrit-on est une question à laquelle je peux facilement répondre puisque je me la suis souvent posée moi-même. Je crois que l'on écrit parce-que l'on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre. Je ne pouvais vivre dans un aucun des mondes qu'on me proposait : le monde de les parents, le monde de la guerre le monde de la politique. Je devais créer un monde pour moi, comme un pays, un climat, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me recréer lorsque j’étais détruite par la vie. Voilà, je crois, la raison de toute œuvre d'art. L'artiste est le seul qui sache que le monde est une création subjective, qu'il faut faire un choix, une sélection des éléments. C'est une matérialisation, une incarnation de son monde intérieur. » Anaïs Nin


« La littérature est le moyen suprême par lequel on peut développer une nouvelle vie émotionnelle et nouvelle conscience. Il n'y a plus d'abri pour se cacher. Il est de la responsabilité de chacun de s'améliorer. » Richard Ford


Sandra Logé. J'écris mon roman en 4 étapes


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A vous !

Et vous ? Pourquoi écrivez-vous ?

Laissez aller vos idées là où elles ont envie de s'étendre.


Que voudrais-je écrire ?

Si ce n'est pas apparu dans votre premier texte, vous écrirez à la première personne une liste de vos envies.

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Exercice de mise en bouche

Écriture : dialogue et description

1.Quelles informations avons-nous sur les personnages ?

— Il me paye vingt-deux euros l’heure, dit Manuela en disposant les tasses puis s’asseyant de nouveau, non sans avoir prié courtoisement Léon de s’en aller découvrir le monde. Vingt-deux euros ! Vous croyez ça ? Les autres me payent huit, dix, onze ! Cette mijaura de Pallières, elle me paye huit euros et elle laisse traîner ses culottes sales sous le lit.
— Il laisse peut-être traîner ses caleçons sales sous le lit, dis-je en souriant.
— Oh ce n’est pas le genre, dit Manuela soudain pensive. J’espère que je vais savoir faire, en tout cas. Parce qu’il y a beaucoup de choses bizarres là-haut, vous savez. Et il y a tous ces bonshommes à arroser et à vaporiser.
Manuela parle des bonsaïs de M. Ozu.

(Muriel Barbery, L’élégance du hérisson)

2.Choisissez parmi les phrases suivantes deux répliques par interlocuteur et composez avec (en adaptant et en ajoutant des phrases si besoin) un court dialogue « utile », c’est-à-dire qui serve soit à présenter les personnages ou exprimer le rapport qu’ils ont entre eux, ou encore apporter des informations sur l’histoire et contribuer à l’action.

J’ai cru voir passer une ombre.
Ça ne va pas, la tête ?
Regarde comme il est rouge.
Il me serait impossible de remonter la piste.
Il ne faut pas s’y fier.
Pas un mot à ce propos.
Un cri ? Tu as dû rêver.
C’est élégant…
Jamais de la vie !
Je me sens plutôt bien.
Où veux-tu que je le mette ?



Qu’est-ce que c’est ?
C’est pas demain la veille.
Oh, ne sois pas si rabat-joie.
Zigouillé, zigouillé, d’où est-ce que tu sors ça ?
Je te garantis que tu vas parler !
Je ne suis pas serein.
Oh la la, comme tu y vas.
J’ai remarqué que les numéros ne sont pas les mêmes.
Escogriffe ! Fieffé cochon ! Pignouf ! Vermine !


3. Les incises. Jean Guénot, dans Écrire, donne l’exemple d’un mauvais dialogue, bourré d’incises :

« - Je suis kinésithérapeute, avoua-t-elle.
- Vous voyagez beaucoup ? s’enquit-il.
- Pas mal, minauda-t-elle.
- Vous aimez flirter ? questionna-t-il.
- Je sors rarement, soupira-t-elle.
- Vous vivez toute seule ? insista-t-il.
- J’habite chez ma sœur, elle est mariée, lui confia-t-elle.
- La vie ne vous attire pas ? insinua-t-il.
- Oh non, pas du tout ! s’écria-t-elle.
- On va bien voir ! éructa-t-il.
- Non ! s’égosilla-t-elle.
- Si ! tonna-t-il.
- Pitié ! glapit-elle.
- Je vous veux ! s’emporta-t-il.
- Pas sur la bou…, n’eut-elle pas le temps d’achever. »


Il accompagne cet exemple de ce conseil :

« Sucrez toutes ces annotations ; ils sont deux ; quand ce n’est pas l’une qui parle, c’est l’autre. Vous pouvez aussi sucrer tout ce dialogue. Il n’avance guère. Remplacez-le par quatre lignes narratives se terminant sur une paire de gifles. L’avantage du dialogue imprimé, c’est de pouvoir être remplacé par une autre forme de langage ; en dialogue oral, ce ne serait pas possible. »

Réécrivez ce dialogue pour le rendre plus dynamique, et ne conservez que les incises et indications que vous jugez nécessaires. Entraînez-vous à transmettre à votre lecteur les émotions des protagonistes autrement que par des verbes de dialogue.
Pris sur la page BOD

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Consigne d'écriture

Imaginez que vous êtes un/e écrivain/e reconnu/e ou pas. Un journaliste conduit un entretien avec vous sur votre métier d'écrivain. Vous décrirez le lieu, les personnages, les gestes et attitudes et vous porterez une attention particulière au dialogue. Votre personnage peut ou pas vous ressembler.
Réfléchissez à la relation entre les deux personnages, le journaliste est un débutant ? Un chevronné ? Distant ? Empathique ? Timide ? Intimidé ? … Votre écrivain, est-il très connu ? Son premier livre ? Vient-il de gagner un prix ? Est-il affable ? Joyeux ? Lent dans ses réponses ? Fuyant ? (…).
Ces choix détermineront le choix du ton du dialogue : une confrontation, un échange courtois, comique, stressant, …
Vous vous appuierez sur vos premiers écrits : pourquoi j'écris Que voudrais-je écrire ?

Le dialogue
Chaque personnage doit être identifiable, avoir sa propre « voix » (façon de parler)
Le dialogue apporte quelque chose à la scène : fait-il avancer l’histoire ? Se demander s'il est nécessaire pour donner du rythme au passage ? apporte-t-il des informations sur les personnages ?
Retirons le superflu (banalités, mots parasites) ?
Se demander si une partie du dialogue pourrait être exprimée au style indirect plutôt qu’au style direct, ou bien être remplacée par quelques phrases de narration ?
Vérifier si les phrases sont trop longues, trop courtes ? Si un personnage parle trop.
En écrivant et une fois votre scène écrite, vous la lirez à voix haute avec l'aide d'une autre personne. Le dialogue fonctionne ?

La description
Donne des informations sur les personnages. Si vous avez choisi de situer l’interview chez l'écrivain, il est important de soigner les détails qui vont renseigner e lecteur. Si cela se passe dans un endroit « neutre », indiquez si les éléments de ce lieu ont une influence sur vos personnages ou pas. Mais le décrire quand m^me pour que nous puissions situer la scène.
Vous indiquerez aussi les gestes des personnages, leurs attitudes quand cela nous renseigne sur leur personnalité.
Pour cet exercice, vous privilégiez cependant les dialogues.
 
Écrire des dialogues - Un art à maîtriser -
«Lorsqu’on tombe sur un dialogue dans les premières pages d’un roman, on sait tout de suite si on est en face d’un véritable auteur (...).» (Pierre Tisseyre)
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