Nanni Moretti, en créant un personnage comique à partir de sa propre personnalité, produit des films essais qui adoptent un registre résolument comique, tout en portant un regard critique acéré sur la société. Aprile (1998) ou Journal intime (Caro Diaro, 1993) adoptent cette forme très particulière qui mêle étroitement documentaire engagé et comédie.
Si l’on en croit la jaquette du dvd qui réunit dix courts métrages sous le titre Luc Moullet en short, ces films seraient « très drôles (sauf un) ». Le cinéaste qui lui aussi se met en scène régulièrement, assume cette volonté de réaliser des films qui soient documentaires et hilarants tout à la fois. En s’attaquant, dans La Cabale des oursins (1990), à un sujet peu traité, les terrils, Moullet traite sur le ton de la comédie cette matière documentaire, tout en la prenant très au sérieux. Mais il traite également la forme du film touristique ou travelogue de manière parodique très scrupuleuse.
En répondant à la commande d’Arte de réaliser un documentaire canular à diffuser le 1er avril 2002, William Karel a choisi,avec Opération Lune, de conserver la forme qu’il donne le plus souvent à ses reportages d’investigation, et d’imaginer la fiction selon laquelle Nixon et le Pentagone auraient demandé à Stanley Kubrick de réaliser en studio des images d’hommes marchant sur la Lune, pour remplacer le cas échéant, le défaut d’images tournées sur la Lune. C’est précisément dans l’écart entre la forme documentaire très conventionnelle et les détails fictionnels qui trouent les propos réalistes tenus par des personnages importants que la comédie contamine progressivement le discours sérieux.
OSS 117 - LE CAIRE NID D'ESPIONS 2006 N°1/4 (Jean DUJARDIN, Bérénice BEJO, Aure ATIKA)
On le voit, la comédie passe, dans ces documentaires, par le jeu sur les codes des genres, et leur hybridation. C’est aussi le cas dans la forme parodique qui superpose et entremêle plusieurs genres. Notamment dans les parodies de film d’espionnage que sont OSS 117 Le Caire nid d’espions (2006), et OSS 117, Rio ne répond plus (2008), de Michel Hazanavicius. Le récit est bien celui d’un film d’espionnage, les personnages des espions ou des traîtres à la nation, mais les codes du film de genre sont repris, décalés, détournés, et la comédie se glisse en filigrane sous les éléments incontournables du genre.
S’il ne faut pas considérer le documentaire comme un genre, mais bien plutôt comme un pacte de lecture établi entre le film et le spectateur, il n’est pas interdit d’attribuer au documentaire les genres dont on qualifie la fiction. Ainsi, on peut envisager l’existence de films d’horreur documentaire, amis aussi de comédies documentaires, comme l’a souvent souligné François Niney.
Parodie et pastiches
On le voit, la comédie passe, dans ces documentaires, par le jeu sur les codes des genres, et leur hybridation. C’est aussi le cas dans la forme parodique qui superpose et entremêle plusieurs genres.
La Comedie R.Pireyre
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