C’est Mastrocinque – un metteur en scène italien bien trop sous-estimé – qui, dans Totò, Peppino e la malafemmina , dirige les deux vedettes comiques, Totò et Peppino De Filippo dans ce chef-d’oeuvre de 1956 qui, bien qu’en noir et blanc, et d’une époque passée, arrive encore à faire rire aux éclats un public de tous âge soixante-deux ans plus tard.
La comédie à l’italienne
On est souvent étonné de constater que ce que l’on regroupe sous le terme de Comédie italienne recouvre des films dont la drôlerie est souvent teintée de cruauté. La comédie italienne rarement légère et souvent grinçante, s’inscrit dans une réalité sociale difficile. Alors que Capra faisait émerger la grandeur des hommes simples dans ses comédies sociales, la comédie italienne met au jour la vilénie d’un petit peuple aux prises avec la faim, la misère, et la promiscuité. Le duo de réalisateurs Steno et Mario Monicelli a mis en scène le grand acteur comique Toto dans plusieurs comédies qui sont autant de témoignages sur l’état de l’Italie au sortir de la guerre. Au début de Gendarmes et voleurs, (Guardia e Ladri, 1951) le voleur, Toto, est pris en chasse par le gendarme, suivi des différentes personnes spoliées. Cette séquence, en même temps qu’elle parodie la forme de la course-poursuite en étirant à l’extrême la longueur des plans, la lenteur des protagonistes, souffrant tous d’insuffisances physiques à maintenir un si long effort, fait office de visite guidée dans les borgate, les
quartiers populaires à la périphérie de Rome. La comédie italienne qui se déroule souvent en décors naturels est traversée par une dimension documentaire très forte.
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