La Screwball comedy 1
Le terme de Screwball comedy est issu d’un jeu de mot intraduisible en français, (screwball désigne un lancer au base ball, et joue sur to screw, baiser) et peut s’appeler en français comédie loufoque. Marc Cerisuelo, lui, désigne un sous genre propre à Preston Sturges qui serait la madcap comedy.
La screwball comedy est certes héritière du burlesque, mais cela ne va pas sans certaines modifications. Dans la forme du long métrage, le récit linéaire ne laisse pas sa structure imploser par le gag. La violence du gag ne peut se justifier chez des personnages plus intégrés à la société que les marginaux du burlesque, déclassés ou vagabonds. Le gag violent ne s'accommode pas d'une psychologie plus fine des personnages, et de relations plus élaborées. La violence régressive,
instinctive qui fait le propre des burlesques primitifs est inenvisageable dans des relations suivies des personnages.
De plus, les acteurs burlesques étaient des acrobates. Les acteurs de la comédie, screwball ou sophistiquée, sont des stars, auxquelles le spectateur a envie de s'identifier. Il n'est donc pas possible de leur faire subir n'importe quoi, ou de les montrer sous un jour cruel.
Le burlesque n’est donc plus traité comme un segment du récit, mais comme un motif, le plus souvent récurrent : objet qui revient, réapparaît quand on ne s'y attend pas (par exemple le pyjama de La Huitième femme de Barbe bleue,
(Bluebeard Height’s Wife, Lubitsch, 1938, ou encore l’os que David Huxley recherche dans L’impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby, Howard Hawks, 1938).
De plus, le burlesque va se décaler pour ne plus toucher les corps directement, ou en tout cas moins frontalement, et se manifester le plus souvent de manière accidentelle. Il se dirige dorénavant contre les objets, accessoires ou costumes : la robe déchirée de Katherine Hepburn dans L’impossible Monsieur Bébé ou encore le décor saccagé par le couple
invisible de Topper (Norman Mc Leod, 37, Constance Bennett et Cary Grant).