Les vrilles de la vigne
Un livre arlequin, de genres différents, d'énonciation distinctes, temporalités diverses, de la poésie en prose, chroniques de mœurs, scènes théâtrales, récit souvenirs.
Style maniéré, lyrique : un certain maniérisme que Colette a appelé "arabesque de cabochon". Par exemple :
- Le brouillard : tantôt nuage ou femme endormie tantôt serpent langoureux
- Apostrophe à tout ce qui vit et même aux objets :
- "Ô violettes de mon enfance ! Ô notre lit reçois-nous ce soir ! Ô derniers feux de l'année !"
- Une syntaxe élaborée ; phrases plutôt courtes et dynamiques, et des phrases "charnues"
- Respect du sociolecte, du niveau de langue des personnages dans les dialogues
- Vocabulaire précis, elle nomme les "choses" par leur nom :
- "l'ombrelle du panais sauvage", "les bâtons de Saint jacques", "le coqueret alkékenge"
L'écriture de la sensation
Elle veut restituer la finesse et la subtilité des perceptions, restituer la complexité du monde sensible, et elle va développer l'imaginaire visuel, solliciter l'oreille.
On trouve dans les deux œuvres, une profusion d'images extraordinaires où tout le vivant "se vaut" : où des animaux ressemblent à des végétaux, et inversement, des animaux qui se confondent entre-eux, des humains qui ressemblent à des animaux :
- une plante grasse poilue et trapue comme des crabes
- des coquillages qui sont des fleurs impérissables effeuillés en pétales de nacre rose
Des descriptions visuelles extrêmement précise de façon presque tangible :
- des nuages ardoisés, ourlés de mercure, liserés de cuivres
- la neige, une boule de cristal
- la vague plombée
Retranscription de la pensée :
- "Je resserre en vain les lambeaux de ma pensée, elle m'échappe palpitante, comme un manteau arraché, comme une mouette dont on tient les pattes t qui se délivre en claquant des ailes".
- Évoquant sa mère, Sido : "Le sens critique en elle se dressait vigoureux, versatile, chaud et gai comme un jeune lézard".
Harmonies imitatives, suggestives
pour restituer les sons par des images, par des assonances, des allitérations, utilisation de la plasticité du mot :
- "le chant bondissant des frelons fourré de velours"
- le plic ploc de la pluie : "de l'horizon venait un bruit égal de perles versées dans l'eau et la plate odeur de l'étang criblé de pluie""
La synesthésie
Figure qui télescope, associe, deux sensations, un goût peut être représenté par une couleur ou l'inverse :
"un violon vinaigré"
"goûter un vert acide ou délicieux"
"rouge comme l’âpreté des groseilles"
"le parfum châtain clair de Sido "
Les figures du paradoxe : opposition, oxymores, antithèses, les paradoxismes, tout est ambivalent et ambigu :
pour évoquer son enfance: "une triste allégresse"
pour évoquer sa sœur : "l'agréable laide"
Le style par Colette :
"La réussite est moins affaire de pensées que de rencontres de mots, signes errant dans l'air, parfois les mots appelés, daignent descendre, s'assemblent, se fixent, ainsi, semble se former le petit miracle, que je nomme l’œuf d'or, la bulle, la fleur, une phrase digne de ce qu'elle a voulu décrire".
Le style par Colette :
"La réussite est moins affaire de pensées que de rencontres de mots, signes errant dans l'air, parfois les mots appelés, daignent descendre, s'assemblent, se fixent, ainsi, semble se former le petit miracle, que je nomme l’œuf d'or, la bulle, la fleur, une phrase digne de ce qu'elle a voulu décrire".